Publié le: 09/07/2025
Les hypothèses d’efficacité reposent sur la capacité du CBD à moduler l’inflammation et à agir indirectement sur le système endocannabinoïde, mais des études cliniques validées sont nécessaires
L’arrivée du printemps, avec le réveil de la nature, apporte à des millions de personnes un compagnon de voyage désagréable (et parfois invalidant) : l’allergie au pollen. Également connue sous le nom de rhinite allergique saisonnière ou rhume des foins, l’allergie au pollen est l’une des maladies chroniques les plus répandues dans le monde occidental. Elle se manifeste lorsque le système immunitaire d’une personne réagit de manière excessive à des particules inoffensives telles que le pollen des arbres, des herbes et des graminées, déclenchant une cascade de symptômes qui peuvent nuire à la qualité de vie. Éternuements incessants, congestion nasale, démangeaisons des yeux et de la gorge, larmoiements et sensation générale de fatigue ne sont que quelques-uns des symptômes les plus courants.
En matière d’allergies, la phytothérapie moderne mène des recherches sur différents composés, parmi lesquels le cannabidiol, mieux connu sous le nom de CBD, un composé étudié depuis longtemps par la recherche scientifique.
Extrait de variétés de Cannabis Sativa L. à faible teneur en THC, connues sous le nom de chanvre industriel, le CBD est un phytocannabinoïde sans effets psychoactifs qui a attiré l’attention de la communauté scientifique. L’intérêt se concentre sur ses propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices, deux mécanismes d’action qui, en théorie, s’intercoupent parfaitement avec les processus biologiques à la base de la réaction allergique.
L’objectif de cette étude, purement informative, n’est pas de fournir des réponses définitives ni des conseils thérapeutiques, mais plutôt d’explorer de manière rigoureuse et détaillée les connaissances scientifiques actuelles sur les interactions possibles entre le CBD et les mécanismes de l’allergie au pollen : bien entendu, nous parlons exclusivement des pays où l’utilisation du CBD est autorisée.
Approfondissons donc le sujet.
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Allergies au pollen : une réaction excessive du système immunitaire
Comme nous l’avons mentionné, l’allergie au pollen est une affection courante qui touche des millions de personnes dans le monde. Il s’agit d’une réaction anormale et hyperactive du système immunitaire à des substances inoffensives, le pollen, libérées dans l’air par les plantes, les arbres et les herbes.
Lorsqu’une personne allergique inhale du pollen, son système immunitaire l’identifie à tort comme une menace. Pour lutter contre cette « menace », des substances chimiques telles que l’histamine sont libérées, déclenchant une série de symptômes. Ceux-ci peuvent inclure des éternuements fréquents, un écoulement nasal, des démangeaisons et des larmoiements oculaires, une congestion nasale et parfois même une toux et des difficultés respiratoires.
Les symptômes de l’allergie au pollen sont saisonniers et ont tendance à s’intensifier pendant les périodes de forte concentration de pollen dans l’air, qui varient en fonction des espèces végétales présentes et de la zone géographique. La prise en charge de l’allergie implique souvent l’utilisation d’antihistaminiques ou de corticostéroïdes et, dans certains cas, une immunothérapie spécifique.
Le CBD et les mécanismes de la réponse allergique
Pour comprendre comment le Cannabis CBD peut interagir avec les allergies au pollen, il faut d’abord disséquer avec précision la chaîne complexe d’événements biologiques qui constituent une réaction allergique. L’allergie est, en substance, une hyperréaction, une erreur d’évaluation de notre système immunitaire. Ce système de défense sophistiqué, conçu pour nous protéger contre des agents pathogènes réels tels que les virus et les bactéries, considère une substance autrement inoffensive, l’allergène, dans ce cas le pollen, comme une menace pour l’organisme. Lors du premier contact avec l’allergène, chez un sujet génétiquement prédisposé, se produit la phase de « sensibilisation ». Au cours de cette phase, le système immunitaire produit un type spécifique d’anticorps, les immunoglobulines E (IgE), dirigés contre ce pollen précis.
Une fois produites, les IgE se lient à la surface des cellules immunitaires sentinelles, les mastocytes, qui sont présents en abondance dans les tissus frontaliers de notre corps : les muqueuses du nez, des yeux, de l’appareil respiratoire et de la peau. Lors des contacts suivants avec le même pollen, l’allergène se lie directement aux IgE ancrées sur les mastocytes, agissant comme une clé dans une serrure et déclenchant un processus explosif appelé dégranulation. Les mastocytes se rompent, libérant une véritable tempête de médiateurs chimiques pro-inflammatoires. Le plus connu d’entre eux est l’histamine, principal responsable des symptômes allergiques aigus : elle provoque la dilatation et la perméabilité des vaisseaux sanguins (rougeurs, congestion, œdème), stimule les terminaisons nerveuses (démangeaisons) et induit la contraction des muscles lisses des voies respiratoires (bronchospasme).
La recherche scientifique a commencé à explorer différentes façons dont le CBD pourrait interférer avec cette « cascade ». Un premier mécanisme, et peut-être le plus solide du point de vue des preuves précliniques, concerne ses propriétés anti-inflammatoires potentielles. Certaines études ont montré que le CBD peut réduire la production et la libération de cytokines et de chimiokines pro-inflammatoires (telles que les interleukines et le TNF-alpha), des molécules qui agissent comme messagers pour recruter d’autres cellules immunitaires sur le site de l’inflammation, perpétuant et amplifiant ainsi la réaction. Un deuxième axe de recherche, encore à un stade préliminaire mais extrêmement intéressant, suggère que les cannabinoïdes pourraient exercer un effet stabilisateur direct sur les mastocytes. Certaines études in vitro et sur des modèles animaux ont indiqué que le CBD pourrait rendre les mastocytes moins « réactifs », en réduisant leur tendance à se dégranuler au contact de l’allergène. Enfin, il ne faut pas négliger l’effet immunomodulateur potentiel du CBD, c’est-à-dire sa capacité à contribuer à rééquilibrer un système immunitaire qui a tendance à réagir de type Th2, celui qui favorise la production d’IgE et les réactions allergiques.
Le système endocannabinoïde et l’homéostasie immunitaire
Pour approfondir les interactions potentielles entre le CBD et les allergies, il est essentiel d’élargir la perspective et d’introduire un acteur clé de la physiologie humaine : le système endocannabinoïde (SEC). Découvert seulement à la fin des années 80 et au début des années 90, le SEC est un système complexe de signalisation cellulaire présent chez tous les mammifères. Sa fonction principale est de maintenir l’homéostasie, c’est-à-dire l’équilibre dynamique de tous les processus internes de notre organisme. C’est un véritable « régulateur maître » qui module un large éventail de fonctions vitales, notamment l’humeur, l’appétit, la perception de la douleur, la mémoire, le cycle veille-sommeil et, ce qui est crucial pour notre propos, la fonction immunitaire.
Comment fonctionne le SEC ? Les récepteurs cannabinoïdes agissent comme des « serrures » à la surface des cellules : les plus connus sont le CB1, situé principalement dans le système nerveux central, et le CB2, présent en abondance sur les cellules du système immunitaire (lymphocytes, macrophages et même mastocytes) et dans les tissus périphériques. Il existe également des endocannabinoïdes, les « clés » produites par notre propre corps « à la demande », comme l’anandamide (la « molécule du bonheur ») et le 2-arachidonoylglycérol (2-AG). Enfin, les enzymes métaboliques, telles que la FAAH et la MAGL, ont pour fonction de dégrader les endocannabinoïdes une fois qu’ils ont rempli leur fonction.
Le rôle du SEC dans la régulation immunitaire est assez complexe. L’activation des récepteurs CB2, en particulier, est généralement associée à une action immunosuppressive et anti-inflammatoire et agit comme un « frein » naturel, empêchant le système immunitaire de réagir de manière excessive et de causer des dommages aux tissus sains, comme c’est le cas dans les maladies auto-immunes et, dans une certaine mesure, dans les allergies. Lorsque nous parlons de CBD et d’allergies au pollen, nous parlons de l’interaction d’un phytocannabinoïde exogène avec ce système de contrôle endogène. Comme mentionné précédemment, le CBD ne se lie pas fortement aux récepteurs CB1 ou CB2, mais son influence est plus subtile et multiforme : en augmentant les niveaux d’endocannabinoïde anandamide (par l’inhibition de l’enzyme FAAH), le CBD peut indirectement renforcer l’action homéostatique et anti-inflammatoire de notre propre SEC. La capacité d’agir sur plusieurs cibles simultanément (action pléiotropique) est l’une des caractéristiques les plus intéressantes du CBD et pourrait expliquer sa polyvalence dans différents modèles expérimentaux.
Utilisations du CBD : au-delà des allergies au pollen
L’exploration du potentiel du CBD dans la lutte contre les réactions hypersensibles ouvre des perspectives qui vont bien au-delà de la rhinite saisonnière, révélant la complexité et la richesse de la plante de chanvre. L’un des aspects les plus fascinants est ce qu’on appelle « l’effet d’entourage » ou effet synergique. En effet, les plantes de chanvre ne contiennent pas seulement du CBD, mais tout un phytocomplexe de centaines de composés, dont d’autres cannabinoïdes mineurs (tels que le CBG, le CBN, le CBC), des flavonoïdes et, en particulier, des terpènes. Les terpènes sont des molécules aromatiques volatiles qui confèrent à chaque variété de plante son odeur et son goût caractéristiques.
La recherche suggère que ces composés agissent en synergie avec le CBD, en renforçant ou en modulant ses effets. Par exemple, le bêta-caryophyllène est un terpène au parfum poivré qui a la particularité de se lier aux récepteurs CB2, exerçant ainsi une action anti-inflammatoire directe. Le pinène, comme son nom l’indique, a un parfum de pin et certaines études indiquent qu’il pourrait agir comme bronchodilatateur, une action très intéressante pour les personnes souffrant d’asthme allergique.
L’interaction synergique entre les éléments mentionnés suggère qu’un extrait « à spectre complet », qui conserve intact tout le profil phytochimique de la plante de cannabis légal, pourrait être plus efficace qu’un isolat de CBD seul.
Une curiosité intéressante, qui démontre la complexité de la biologie, est que la plante de cannabis elle-même peut être allergène. Il existe en effet une allergie au pollen de cannabis, un phénomène qui rappelle qu’aucune substance naturelle n’est universellement bénéfique pour tous.
Les implications des mécanismes du CBD s’étendent donc à d’autres conditions allergiques et d’hypersensibilité cutanée. Le potentiel du CBD est actuellement étudié pour des troubles tels que la dermatite atopique ou l’eczéma, où l’application topique de crèmes et de pommades pourrait aider à réduire l’inflammation, les démangeaisons et la sécheresse au niveau local, en agissant directement sur les cellules de la peau. Les recherches futures devront nécessairement se concentrer sur la conduite d’études cliniques contrôlées, randomisées et en double aveugle chez l’homme. Seules celles-ci pourront confirmer les résultats précliniques prometteurs, en définissant les dosages, les voies d’administration et les profils de sécurité à long terme. Rappelons que dans de nombreux pays, la vente de produits à base de CBD est interdite.
CBD et THC : deux composés différents aux effets différents
Il existe une grande différence entre le CBD et le THC. Bien qu’ils soient tous deux des cannabinoïdes dérivés du Cannabis Sativa L., ils diffèrent par leur structure, leurs effets, leurs mécanismes d’action et leur statut juridique. Comprendre cette différence est la première étape vers une approche consciente du monde du chanvre CBD.
Le THC est le composé psychoactif responsable des la marijuana effets et des altérations de la perception. Il agit en se liant aux récepteurs CB1, concentrés dans le système nerveux central, générant des effets psychotropes. Pour cette raison, le THC est une substance interdite dans de nombreux pays, sauf dans des contextes thérapeutiques spécifiques autorisés.
Le CBD, en revanche, est le cannabinoïde prédominant dans le chanvre industriel. Son mécanisme d’action est indirect : il ne se lie pas aux récepteurs CB1 et CB2, mais module le système endocannabinoïde, par exemple en inhibant l’enzyme FAAH et en augmentant la disponibilité de l’anandamide.
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Entre preuves préliminaires et prudence clinique : que savons-nous aujourd’hui sur le CBD et l’allergie au pollen ?
À l’issue de cet examen, il est possible de dresser un bilan équilibré et réaliste sur la relation entre le CBD et les allergies au pollen. Les preuves scientifiques précliniques, issues d’un nombre croissant d’études in vitro et sur des modèles animaux, sont prometteuses et encourageantes : elles suggèrent en effet que le cannabidiol, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices bien documentées et à son effet stabilisateur potentiel sur les mastocytes, possède les mécanismes d’action théoriques pour interférer positivement avec les symptômes gênants de l’allergie saisonnière.
L’interaction avec le système endocannabinoïde, un régulateur interne de l’équilibre physiologique, constitue la base biologique la plus solide sur laquelle reposent ces hypothèses fascinantes.
Toutefois, il est essentiel de conserver une approche rigoureusement scientifique et prudente. Dans le monde scientifique, « prometteur » n’est pas synonyme de « prouvé ». À ce jour, il n’existe aucune étude clinique à grande échelle, contrôlée et randomisée, menée sur l’homme, qui puisse confirmer de manière incontestable l’efficacité et la sécurité du CBD dans le traitement spécifique de la rhinite allergique au pollen.
Par conséquent, le CBD ne doit en aucun cas être considéré comme un remède ou un substitut aux traitements conventionnels prescrits par un médecin. Les personnes souffrant d’allergies, en particulier si elles sont graves, doivent toujours consulter leur médecin traitant ou un allergologue pour obtenir un diagnostic correct et un plan thérapeutique validé et personnalisé. Nous vous rappelons également que
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CBD et allergies au pollen : takeaways
- L’allergie au pollen est une hyperréaction du système immunitaire à des substances inoffensives, dont les symptômes sont causés par la libération d’histamine ; le cannabidiol (CBD), sans effets psychoactifs, est étudié pour ses propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices, qui pourraient théoriquement contrer les mécanismes allergiques ;
- Le CBD pourrait influencer la réponse allergique en réduisant l’inflammation et en stabilisant les mastocytes, des cellules qui libèrent des médiateurs chimiques ; il agit également sur le système endocannabinoïde, un régulateur de l’équilibre corporel, en renforçant son action anti-inflammatoire et immunomodulatrice ;
- Bien que des études précliniques montrent le potentiel du CBD contre les symptômes allergiques, il n’existe pas encore d’études cliniques à grande échelle sur l’homme qui confirment son efficacité et son innocuité ; par conséquent, le CBD ne doit pas remplacer les traitements médicaux conventionnels, et il est toujours recommandé de consulter un médecin.
CBD et allergies au pollen : FAQ
Le CBD peut-il aider à soulager les symptômes de l’allergie au pollen ?
Les recherches précliniques suggèrent que le CBD pourrait atténuer certains symptômes de l’allergie au pollen grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices. Il pourrait notamment réduire la libération d’histamine en stabilisant les mastocytes et en influençant le système endocannabinoïde. Toutefois, aucune étude clinique humaine à grande échelle ne confirme encore son efficacité.
Comment le CBD interagit-il avec le système immunitaire en cas d’allergie ?
Le CBD agit de manière indirecte sur le système immunitaire en modulant le système endocannabinoïde, notamment en augmentant la disponibilité de l’anandamide. Il pourrait ainsi réduire l’intensité de la réponse allergique en freinant la libération de médiateurs pro-inflammatoires et en stabilisant les cellules impliquées dans la réaction allergique, comme les mastocytes.
Peut-on utiliser le CBD à la place des traitements classiques contre les allergies ?
Non. Bien que prometteur, le CBD ne doit pas être considéré comme un substitut aux traitements médicaux classiques contre les allergies. En l’absence d’études cliniques validées sur l’homme, son usage ne remplace pas les antihistaminiques ou l’avis d’un professionnel de santé. Toute utilisation doit se faire avec prudence et sous supervision médicale.