Le cannabis est-il addictif ou simplement entouré de préjugés tenaces ?

Le cannabis est-il addictif ou simplement entouré de préjugés tenaces ? | Justbob

Publié le: 23/05/2025

Au fil des ans, le débat a été brouillé par une terminologie confuse et des préjugés idéologiques

Le débat sur le cannabis et sa capacité à créer une dépendance est complexe, souvent influencé par des décennies d’informations contradictoires, par le prohibitionnisme et, plus récemment, par une ouverture croissante à ses applications potentielles.

Répondre à la question de savoir si le cannabis est addictif nécessite une approche multidimensionnelle, qui distingue les différents types de plantes, analyse les mécanismes biologiques impliqués et prend en compte les données scientifiques disponibles, au-delà des simples préjugés. En effet, on confond souvent la plante Cannabis Sativa L. dans ses différentes variétés : celle riche en THC (tétrahydrocannabinol), responsable des effets psychoactifs et au centre des préoccupations concernant sa consommation, et le chanvre, également connu sous le nom de chanvre industriel ou cannabis light, qui contient de très faibles niveaux de THC mais est riche en autres cannabinoïdes tels que le CBD (cannabidiol), sans effets psychotropesCe cannabinoïde non psychotrope est d’ailleurs au cœur de produits dérivés populaires, comme l’huile de CBD.

Comprendre cette distinction est la première étape essentielle pour aborder le sujet de manière correcte et informée, en évitant les généralisations trompeuses.

Cet article a pour but d’explorer les preuves scientifiques actuelles, de démystifier certains mythes et d’offrir un aperçu clair de la relation entre le cannabis, le chanvre et le phénomène de la dépendance, afin d’aider le lecteur à se forger une opinion basée sur des faits et non sur des opinions préconçues ou des informations obsolètes.

Cigarettes avec de la marijuana et une inflorescence de cannabis | Justbob

Il est essentiel de faire la distinction entre le cannabis et le chanvre

Avant d’aborder la question de la dépendance, il est essentiel de clarifier une distinction botanique et chimique fondamentale qui est souvent négligée dans le débat public. Il s’agit de la différence entre le « cannabis » (communément appelé marijuana) et le « chanvre ». Tous deux appartiennent à la même espèce, Cannabis sativa L., mais ils diffèrent considérablement par leur composition chimique, en particulier par la concentration des deux cannabinoïdes les plus connus : le THC et le CBD.

Le cannabis, sélectionné pendant des siècles pour ses propriétés psychoactives, contient des taux élevés de THC (de 5 % à plus de 30 % dans certaines variétés modernes), le molécule responsable de la sensation d’« euphorie » et au cœur des préoccupations liées à la dépendance.

En revanche, le chanvre, traditionnellement cultivé à des fins industrielles (tissus, cordes, construction écologique, alimentation), doit, selon la définition légale en vigueur dans la plupart des pays européens, contenir des taux de THC extrêmement faibles, généralement inférieurs à 0,2 % ou 0,3 %, une quantité insuffisante pour produire des effets psychotropes significatifs.

En revanche, il est souvent riche en CBD, un cannabinoïde non stupéfiant étudié pour ses propriétés bénéfiques potentielles.

Il est donc profondément inexact de parler de « dépendance au chanvre » de la même manière que l’on parle de dépendance au cannabis à forte teneur en THC. Cette distinction est essentielle pour ne pas alimenter la confusion et pour analyser correctement les risques associés aux différents produits dérivés de cette variété.

Lire aussi : Effet du THC sur le cerveau : voir les impacts à long terme

Comment le THC agit sur le cerveau et le mécanisme de la dépendance

Pour comprendre si et comment le cannabis peut créer une dépendance, nous devons observer l’action de son principal composé psychoactif, le THC, sur le cerveau humain.

Le tétrahydrocannabinol agit en se liant à des récepteurs spécifiques, appelés récepteurs cannabinoïdes (CB1 et CB2), qui font partie du système endocannabinoïde, un appareil qui régule plusieurs fonctions physiologiques, dont l’humeur, l’appétit, le sommeil, la mémoire et la perception de la douleur.

Les récepteurs CB1 sont particulièrement abondants dans les zones du cerveau associées au plaisir, à la récompense, à la coordination motrice et aux fonctions cognitives. Lorsque le THC se lie à eux, il modifie leur activité normale, entraînant les effets typiques de la consommation de cannabis : euphorie, relaxation, altération de la perception sensorielle et temporelle, mais aussi, dans certains cas, anxiété ou paranoïa.

Le mécanisme de la dépendance implique généralement le système de récompense du cerveau, en particulier la libération de dopamine. La consommation répétée de produits psychotropes qui stimulent fortement ce système peut, en substance, amener le système nerveux à s’adapter à la présence de ces composés, en réduisant la production naturelle de dopamine ou la sensibilité des récepteurs.

Cela peut entraîner le développement d’une tolérance (besoin de doses plus importantes pour obtenir le même effet) et d’un syndrome de sevrage (symptômes désagréables lors de l’arrêt de la consommation).

Bien que le THC affecte le système dopaminergique de manière moins directe et intense que d’autres substances telles que la cocaïne ou les opiacés, une consommation chronique et excessive peut néanmoins déclencher ces processus adaptatifs dans le cerveau, posant les bases d’un développement potentiel de la dépendance chez les personnes sensibles.

Le trouble lié à l’usage de cannabis : existe-t-il vraiment une dépendance ?

La communauté scientifique et médicale internationale reconnaît l’existence d’un trouble appelé « trouble lié à l’usage de cannabis » (Cannabis Use Disorder – CUD), inclus dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Cette affection n’équivaut pas automatiquement à une « dépendance » au sens le plus grave du terme associé à d’autres substances, mais décrit un modèle problématique de consommation de cannabis qui entraîne un malaise ou une altération cliniquement significatifs.

Le diagnostic repose sur la présence de critères comportementaux, cognitifs et physiologiques spécifiques sur une période de 12 mois, telles que la consommation de quantités plus importantes ou pendant des périodes plus longues que prévu, le désir persistant ou les tentatives infructueuses de réduire la consommation, le temps passé à se procurer ou à consommer la substance, le craving (envie intense), la consommation récurrente malgré les problèmes sociaux ou interpersonnels causés ou exacerbés par le cannabis, et l’apparition d’une tolérance ou de symptômes de sevrage.

Il est important de souligner que toutes les personnes qui consomment du cannabis ne développent pas cette maladie. Les estimations de la prévalence varient, mais les recherches suggèrent qu’environ 9 à 10 % des personnes qui essaient le cannabis développeront une forme de consommation problématique au cours de leur vie, un pourcentage qui augmente considérablement (jusqu’à 17 % ou plus) pour celles qui commencent à en consommer à l’adolescence.

Donc, oui, une forme de dépendance ou de consommation compulsive de cannabis existe et est reconnue cliniquement, même si son profil de risque et sa gravité peuvent différer de ceux d’autres substances.

Qui est le plus à risque ? Les facteurs qui influencent la vulnérabilité

Comme pour toute autre substance ou comportement potentiellement addictif, le risque de développer un trouble lié à l’usage de cannabis n’est pas le même pour tous. Plusieurs facteurs peuvent augmenter la vulnérabilité d’un individu.

L’un des plus importants est l’âge auquel la consommation commence : commencer à consommer régulièrement du cannabis à l’adolescence, une période critique pour le développement du cerveau, augmente considérablement le risque de développer des problèmes liés à la consommation à l’âge adulte.

La fréquence et la quantité de consommation jouent également un rôle crucial : une consommation quotidienne ou quasi quotidienne, en particulier de produits à forte concentration de THC, est associée à un risque plus élevé qu’une consommation occasionnelle.

Les facteurs génétiques et biologiques individuels peuvent prédisposer certaines personnes plus que d’autres à développer une dépendance. En outre, la présence de troubles mentaux préexistants, tels que l’anxiété, la dépression, le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH) ou autres, représente un facteur de risque important, car le cannabis est parfois utilisé comme une forme d’automédication (contre-productive à long terme).

Enfin, des facteurs environnementaux et sociaux tels que le stress, le manque de soutien social, les traumatismes passés ou l’influence du groupe de pairs peuvent également contribuer à accroître la vulnérabilité individuelle à un usage problématique de la marijuana.

Homme allumant une cigarette à la marijuana | Justbob

Mythes et réalités : comparaison entre la dépendance au cannabis et celle à d’autres substances

Beaucoup de gens pensent que la dépendance au cannabis est directement liée, par sa gravité et ses caractéristiques, à celle induite par d’autres substances telles que l’alcool, le nicotine, l’héroïne ou le cocaïne. On a tendance à imaginer un tableau similaire en termes de symptômes de sevrage, de compulsivité et de dommages généraux.+

En réalité, cette comparaison directe est souvent trompeuse et ne reflète pas pleinement les connaissances scientifiques actuelles.

Bien que, comme nous l’avons vu, il existe une dépendance au cannabis qui peut poser problème à certains consommateurs, notamment en cas de forte dépendance psychologique et de difficulté à contrôler sa consommation, son profil diffère de celui de nombreuses autres substances.

La recherche scientifique et les évaluations comparatives sur le potentiel de nocivité indiquent que le cannabis est généralement associé à moins de risques pour la santé physique que, par exemple, l’alcool (lié à des dommages hépatiques, cardiovasculaires, neurologiques et à de nombreux types de cancer) ou le tabac (principale cause de cancers du poumon, de maladies respiratoires et cardiovasculaires).

De plus, il présente une moindre toxicité organique aiguë (le risque de surdose mortelle est pratiquement nul) et un syndrome de sevrage physique généralement moins sévère et dangereux que celui de l’alcool ou des opiacés.

Cela ne signifie pas, il est bon de le répéter, que le cannabis est sans risque : une consommation problématique peut avoir des conséquences négatives sur la santé mentale, les fonctions cognitives (surtout si la consommation commence à un jeune âge) et la vie sociale.

Cependant, une évaluation équilibrée nécessite de contextualiser ces risques, en reconnaissant les différences substantielles par rapport à d’autres substances légales et illégales largement répandues et dont l’impact sur la santé publique est souvent plus grave.

Le cannabis light et le CBD : un sujet à part dans le panorama du Cannabis sativa

Comme mentionné précédemment, il est essentiel de faire la distinction entre le cannabis à forte teneur en THC et le chanvre, souvent appelé « cannabis light ».

Ce dernier, selon la loi, contient des niveaux négligeables de THC (inférieurs à 0,2-0,3 %), ce qui le rend dépourvu d’effets psychoactifs significatifs. Le cannabis light est en revanche riche en CBD, un cannabinoïde non psychotrope qui a suscité un grand intérêt en raison de ses propriétés potentiellement relaxantes et bénéfiques, sans toutefois induire l’euphorie ou les altérations cognitives typiques du THC.

En raison de l’absence d’effets psychoactifs et de la très faible teneur en THC, le chanvre light et les produits qui en sont dérivés, tels que l’huile de CBD ou les fleurs de cannabis light, ne présentent pas les risques de dépendance associés au cannabis traditionnel.

D’ailleurs, la même Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que le CBD, sous sa forme pure, ne semble pas avoir de potentiel d’abus ou de dépendance.

Cela dit, il est important de noter que dans de nombreux pays européens, les produits à base de chanvre léger, ceux disponibles sur JustBob, ne sont pas vendus pour la consommation (fumée, vaporisation ou ingestion). Les réglementations en vigueur n’autorisent leur vente que pour des usages spécifiques, tels que le collectionnisme ou l’usage technique.

Lire aussi : CBD vs THC : différences et effets pour ces deux composés

Au-delà des préjugés, vers une compréhension éclairée

En conclusion, répondre à la question « le cannabis crée-t-il une dépendance ? » par un simple oui ou non serait réducteur et imprécis.

La recherche scientifique confirme qu’une consommation problématique, définie comme un trouble lié à l’usage de cannabis, existe et peut toucher un pourcentage important de consommateurs, en particulier ceux qui commencent tôt, utilisent fréquemment des produits à forte teneur en THC ou présentent d’autres facteurs de vulnérabilité. Les mécanismes neurobiologiques impliqués, bien que d’intensité différente de ceux d’autres substances, peuvent conduire à la tolérance, à l’abstinence et à une consommation compulsive difficile à contrôler.

Cependant, il est également vrai que la majorité des personnes qui consomment du cannabis ne développent pas de dépendance cliniquement significative et que le profil de risque est généralement considéré comme inférieur à celui de substances telles que l’alcool, la nicotine ou les opiacés.

Il est également crucial de faire une distinction claire entre le cannabis psychoactif et le chanvre light, riche en CBD et pauvre en THC, qui ne présente pas de risque de dépendance, bien qu’il soit encore commercialisé à des fins autres que la consommation dans de nombreux contextes.

Pour surmonter les préjugés enracinés, qu’ils nient tout risque ou diabolisent la plante dans son ensemble, il faut des informations correctes et équilibrées, fondées sur des preuves scientifiques et capables de reconnaître la complexité du phénomène, les différences entre les produits et les facteurs individuels qui entrent en jeu.

Le cannabis est-il addictif : takeaways

  • L’amalgame entre cannabis et chanvre est une source majeure de confusion : seul le cannabis contenant des taux élevés de THC peut induire des effets psychoactifs susceptibles d’engendrer une consommation problématique. Le chanvre, souvent qualifié de cannabis light, est riche en CBD et pauvre en THC, ce qui le rend inapte à provoquer des effets euphoriques ou une addiction. Comprendre cette distinction est essentiel pour éviter des généralisations inexactes.
  • Bien qu’une consommation excessive et prolongée de cannabis riche en THC puisse conduire à un trouble reconnu médicalement, celui-ci n’équivaut pas à une dépendance sévère comme celle observée avec l’alcool ou les opiacés. Seule une minorité des consommateurs développe ce trouble, notamment ceux ayant commencé jeunes, consommant fréquemment ou présentant des vulnérabilités psychologiques ou sociales.
  • Comparé à l’alcool, au tabac ou aux opiacés, le cannabis a un potentiel de dépendance et de dangerosité physiologique généralement plus faible. Il n’est pas dénué de risques, notamment pour la santé mentale et cognitive en cas d’usage chronique, mais son impact global est souvent exagéré. Une évaluation équilibrée doit prendre en compte les nuances liées à la fréquence de consommation, à la composition du produit et aux facteurs personnels.

Le cannabis est-il addictif : FAQ

Le cannabis crée-t-il une dépendance ?

Oui, une forme de consommation compulsive de cannabis existe et est reconnue cliniquement sous le nom de trouble lié à l’usage de cannabis (Cannabis Use Disorder). Toutefois, son profil de risque et sa gravité diffèrent de ceux d’autres substances comme l’alcool ou les opiacés. La majorité des consommateurs ne développent pas de dépendance clinique, mais le risque augmente avec une consommation fréquente, précoce ou en présence de facteurs de vulnérabilité.

Quelle est la différence entre le cannabis et le chanvre ?

Le cannabis et le chanvre appartiennent à la même espèce, Cannabis Sativa L., mais se distinguent par leur teneur en THC. Le cannabis contient des niveaux élevés de THC (jusqu’à 30 %), responsable des effets psychoactifs. Le chanvre, aussi appelé cannabis light, en contient moins de 0,3 % et est riche en CBD, un cannabinoïde sans effet psychotrope. Ainsi, le chanvre ne provoque pas de dépendance.

Le cannabis light ou CBD est-il addictif ?

Non, le cannabis light, riche en CBD et pauvre en THC, ne présente pas de risques de dépendance. Selon l’OMS, le CBD pur ne montre pas de potentiel d’abus ou de dépendance. De plus, les produits à base de chanvre vendus légalement en Europe ne sont pas destinés à la consommation, mais plutôt à des usages techniques ou de collection.