Changé le: 18/07/2023
« Elle ne présente pas de risque pour la santé publique justifiant une interdiction générale et absolue »
La décision du Conseil d’État annule l’ordonnance de 2021 interdisant la vente de fleurs et feuilles de cannabis dont la teneur en THC est inférieure à 0,3 %.
Le Conseil d’État a pris une décision historique : dans son récent arrêt, il a annulé l’ordonnance du 30 décembre 2021 interdisant la vente de fleurs et feuilles de cannabis d’une teneur en THC inférieure à 0,3 %.
Cette décision constitue un tournant pour le gouvernement, qui avait fondé son choix sur l’analyse selon laquelle « le Cannabidiol n’a pas d’effets psychotropes et ne provoque pas de dépendance » et donc « ne représente pas un danger pour la santé publique justifiant une interdiction générale et absolue ».
Il y a un an, fin décembre 2021, le gouvernement avait interdit la vente de fleurs de CBD ou de feuilles de CBD par un arrêté interministériel, précisant « quelle que soit la forme du produit fini (infusions, l’huile CBD, cosmétiques CBD…) ». Toutefois, le Conseil d’État a annulé cette mesure en janvier 2022, en estimant qu’« elle ne résulte pas de l’instruction […] les fleurs et feuilles de chanvre dont la teneur en THC ne dépasse pas 0,30 % présentent un degré de toxicité pour la santé justifiant une mesure d’interdiction générale et absolue de leur vente aux consommateurs et de leur consommation ».
Pour la France, le CBD n’est pas une substance narcotique
Le point clé de ce nouveau décret se concentre sur l’une des questions les plus controversées par rapport au monde du cannabis, à savoir la différence entre CBD et THC.
Dans ce cas, il a finalement été établi que pour un pays européen important comme la France, le CBD France n’est pas une substance narcotique, car il a des propriétés relaxantes et anticonvulsivantes, mais pas psychotropes, donc contrairement au THC, incapable de provoquer une dépendance. Cela signifie que les fleurs et les feuilles de cannabis avec une teneur en THC inférieure à 0,3 % ne peuvent pas être considérées comme des stupéfiants.
En bref, il suffit de mettre en échec la dernière interdiction qui, précisément en vertu de ce malentendu, les considérait comme incompatibles à la vente.
À cet égard, le Conseil d’État a précisé, en revanche, qu’une interdiction générale de vente de tels produits doit être justifiée et proportionnée au risque pour la santé publique et que, pour cette raison, pour justifier une interdiction générale telle que celle imposée antérieurement, il est nécessaire de démontrer que ce risque est suffisamment grave.
Par rapport à la dernière décision ministérielle, cette décision représente un véritable tournant, résolvant les nombreuses inquiétudes qui ont saisi les acteurs du secteur, qui craignaient certaines conséquences négatives sur leurs activités face à un jugement différent de celui mis en œuvre. La décision confirme ce que tout le monde attendait, en annulant l’ordonnance de 2021 et en autorisant ainsi la vente de variétés de fleur CBD et de feuilles de cannabis avec une teneur en THC inférieure à 0,3 %.
En raison de sa pertinence, la décision pourrait être contestée par le gouvernement ou d’autres parties intéressées et, pour cette raison, il ne peut être exclu que certains des détracteurs puissent faire appel de la décision.
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En bref
La décision du Conseil d’État d’autoriser définitivement la vente de fleurs de CBD en France (et donc des produits dérivés du cannabis, tels que le hash CBD, l’huile et autres), pourrait également avoir des conséquences importantes dans d’autres pays européens. De nombreux pays de l’UE interdisent ou réglementent fortement le cannabis. Cette décision pourrait être considérée comme un précédent important pour la légalisation du cannabis dans d’autres pays de l’UE.
En outre, la décision pourrait stimuler d’autres recherches sur les avantages médicaux du cannabis et sa sécurité, ce qui pourrait à son tour conduire à une meilleure compréhension et acceptation de l’immense monde représenté par le cannabis à travers l’Europe. La décision du Conseil d’État réussira-t-elle à ouvrir la voie à une plus grande légalisation et acceptation du cannabis à des fins médicales dans l’UE ?
Ce n’est évidemment pas à nous de le dire. Cependant, il est certain que la démarche prise en France dans ce cas est pertinente, alors qui sait que ce n’est peut-être pas aussi un bon présage.